Lancée dès 2020, la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire est un projet ambitieux visant à modifier profondément nos modes de consommation pour limiter notre impact environnemental.
Mais concrètement, qu’est-ce que cela veut dire pour nos entreprises ?
Dans cet article, nous vous expliquons pas à pas cette loi complexe avec un focus sur ses conséquences directes dans le monde de l’entreprise. De manière générale, la loi anti-gaspillage repose sur quatre grands thèmes que nous avons résumé et analysé avec notre expertise en RSE.
_1/ Mieux produire
Pour réduire au maximum l’impact de nos produits sur l’environnement, il faut commencer par s’interroger sur leur fabrication.
Qu’est-ce que ça veut dire pour les entreprises ?
D’ici 2025, la loi prévoit la création de 11 nouvelles filières de pollueurs/payeurs. Les entreprises concernées devront s’acquitter des frais relatifs à la prévention et la lutte contre la pollution causée par leur activité auprès des éco-organismes associés. Elles auront également obligation de créer des plans quinquennaux d’éco-conception, à revoir tous les 5 ans.
Sous l’impulsion de cette mesure et sous la pression de l’accélération des attentes des consommateurs, il semble probable que l’éco-conception se positionne dès lors comme la tendance incontournable pour le reste des fabricants, quelle que soit leur filière.
Freins & Solutions :
S’engager dans un plan long-termiste d’éco-conception demande un investissement humain et financier, nécessitant la refonte partielle ou totale des habitudes d’une entreprise. Mais c’est aussi l’opportunité d’innover et de mobiliser vos équipes autour de valeurs communes en rappelant l’identité et la mission de votre marque. C’est tout le travail de la Raison d’Être formalisée par une démarche RSE aboutie.
Exemple :
Décathlon s’est engagé dans un programme d’éco-conception rappelant la mission de la marque “Du Sport pour tous… et durablement” ! La marque a lancé une gamme de produits ecodesign conçus avec des matériaux issus de sources plus durables et passant par des procédés de fabrication plus respectueux de l’environnement. En continuant de mobiliser ses équipes autour d’une stratégie produit fondée sur l’innovation, Décathlon garde sa position de leader sur le marché du sport et sa place au palmarès des “Great Place to Work”.
_2/ Lutter contre le gaspillage
La loi a pour ambition de réduire drastiquement tout type de gaspillage, particulièrement au niveau des objets électriques et électroniques. Le plan gouvernemental veut lutter contre l’obsolescence programmée et favoriser le réemploi solidaire. Ces mesures sont au cœur du principe d’économie circulaire qui vise à entraîner l’ensemble de la population dans une dynamique d’échange vertueux.
Qu’est-ce que ça veut dire pour les entreprises ?
Tout produit devra être vendu avec les informations relatives à sa fin de vie. Pour les équipements électriques et électroniques, cela prendra la forme d’un indice de réparabilité susceptible d’évoluer vers un indice de durabilité d’ici 2024. Le vendeur aura également obligation de proposer des pièces détachées issues de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS).
Des fonds de réemploi seront créés pour financer des recycleries et les acteurs de l’ESS. Certaines filières devront y contribuer à hauteur de 5% de leur éco-contribution.
Dans la même dynamique, pour le secteur alimentaire, il sera interdit de détruire les invendus au profit de dons à des associations.
Freins & Solutions :
Aujourd’hui, l’économie est basée sur une consommation répétée et régulière. Miser sur la durabilité des produits peut inquiéter car cela entraîne moins de ventes régulières à long terme. Toutefois, un marché centré sur de nouvelles expertises s’ouvre avec le développement d’activités de réparation et recondition. S’engager dans une démarche RSE c’est aussi embarquer de nouvelles parties prenantes autour de sa marque pour plus de rayonnement et d’impact.
Exemple :
Murfy est une start up innovante offrant de prolonger la durée de vie des appareils électriques et électroniques en intervenant directement à domicile pour réparer les pannes avec un forfait fixe de 85€. Lorsque l’appareil n’est pas réparable, ce forfait se transforme en bon d’achat pour des produits reconditionnés. L’entreprise poursuit également une politique d’insertion professionnelle en recrutant et formant des techniciens dans plusieurs régions de France. C’est donc tout le modèle économique qui repose sur les principes clefs de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, anticipant ainsi les inflexions du marché.
_3/ Sortir du plastique jetable
La nouvelle loi anti-gaspillage a pour ambition de passer à 100% de plastique recyclé d’ici 2025 et 0 emballage en plastique à usage unique d’ici 2040. La France produit actuellement environ 4,5 millions de tonnes de déchets plastiques par an, ces objectifs impacteront donc fortement nos industries et nos modes de consommation.
Qu’est-ce que ça veut dire pour les entreprises ?
L’interdiction progressive de certains produits plastiques (emballages, goodies, etc.) entraînera un nécessaire changement des habitudes. Des méthodes de packaging innovantes restent encore à concevoir à l’instar des systèmes d’éco-recharge qui commencent à se démocratiser.
De manière générale, la vente en vrac sera à privilégier. La possibilité d’apporter son propre contenant devra être laissée au consommateur, une tarification spéciale pourrait même s’appliquer.
Freins & Solutions :
Pour les entreprises, le challenge sera : d’une part, de maintenir la qualité en termes de marketing et de sécurité/hygiène ; de l’autre, de garantir le suivi des consommateurs vers de nouveaux modes de consommation sans plastique. La matrice de matérialité, au cœur de la stratégie RSE, permet d’anticiper ces nouveaux défis. Il s’agit d’analyser tous les paramètres afin de cibler les changements nécessaires pour une transition fluide et optimisée.
Exemple :
L’Oréal s’est engagée dans une démarche RSE très ambitieuse avec notamment un objectif de 0% de plastique vierge, anticipant les conditions d’une “licence to operate” à l’horizon 2030. Le géant projette entre autres de développer son offre de cosmétiques solides ainsi que de refill pour atteindre ces résultats.
_4/ Mieux informer les consommateurs
La loi mise sur une simplification des informations à destination du consommateur et au niveau du tri pour favoriser un comportement responsable.
Qu’est-ce que ça veut dire pour les entreprises ?
En complément des informations relatives à la fin de vie d’un produit, les fabricants seront tenus d’être transparents sur la présence éventuelle de perturbateurs endocriniens. D’autres renseignements relatifs à l’utilisation d’un produit et son impact environnemental pourront être demandés. Par exemple, les informations de consommation internet et mobiles devront être traduites en termes de Gaz à Effet de Serre. Cette tendance pourrait s’étendre à d’autres secteurs.
Freins & Solutions :
Pour les entreprises, il s’agira de montrer patte blanche sur toute la chaîne de valeur et de mettre l’accent sur une communication transparente dans leur marketing. Depuis plusieurs années, des agences de conseil offrent leur expertise de communication RSE prenant en compte les nouvelles réglementations et anticipant les questions et attentes des utilisateurs finaux.
Exemple :
La camif, société à mission pionnière en France, propose du mobilier de maison local et durable. Dans sa campagne média 2019/2020, trois spots TV mettent la durabilité des produits au cœur du discours de l’entreprise. Le mobilier s’adresse directement aux clients pour les informer sur leur origine et leur impact environnemental. Pour (re)visionner la campagne, signée par l’Agence Quadrature, c’est ici : https://www.agence-quadrature.com/reference/communication-rse/
_ Conclusion
La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire entraîne un changement du modèle économique traditionnel. En promouvant l’éco conception, la réparabilité et la durabilité, ce plan gouvernemental aura des répercussions sur l’ensemble de nos industries et de nos entreprises à différents niveaux et proportions selon les secteurs et activités. Cette nécessaire transformation passe par des engagements concrets et communicables qui peuvent paraître difficiles à mettre en place. Heureusement, il existe un accompagnement RSE adapté à chaque problématique. Les entreprises doivent faire le pas dès aujourd’hui, pour être pérennes, elles doivent anticiper les réglementations et les attentes des consommateurs. C’est sur cette transformation que se construiront les grandes marques de demain.
L’agence Quadrature est une agence de conseil en stratégie et communication RSE. Nous assurons une veille réglementaire permanente pour accompagner au mieux les entreprises dans un monde en pleine mutation. Pour en savoir plus sur les défis à venir et les solutions adaptées à votre entreprise, contactez-nous à [email protected], nous serons ravis d’échanger avec vous sur les problématiques propres à votre structure.