Qu’est-ce que la finance durable ou solidaire ? Quelle est la différence entre l’ISR et l‘Impact Investing ?
Ces termes ont fait leur chemin ces dernières années mais leur spécificités restent encore floues pour la majorité des français.
Si l’ISR et l’Impact Investing ne sont pas tout à fait équivalents, ils ont en commun d’utiliser le capital comme vecteur de progrès économique et social. Autrement dit, ils partagent l’objectif de conjuguer rendement financier et impact social positif.
Pour aller plus loin, cet article vous guide à travers les subtilités de ces différentes appellations et leur lien étroit avec la RSE.
L’INVESTISSEMENT SOCIALEMENT RESPONSABLE (ISR)
En bref
L’ISR est un fond qui intègre des critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance) dans son système d’attribution. En d’autres termes, l’ISR privilégie les structures à la fois attractives financièrement et possédant une démarche RSE concrète.
Histoire
L’ISR naît aux Etats-Unis dans les années 20 sous l’influence de congrégations religieuses qui souhaitent bannir certains secteurs d’activités, tels l’alcool ou la pronographie considérés comme contraires aux valeurs de l’Eglise, de leurs investissements. Dans les années 70, l’ISR s’élargit à des causes plus militantes en écartant tout investissement pouvant contribuer aux non respect des Droits de l’Homme, comme l’apartheid ou la guerre du Vietnam.
Ce n’est qu’à partir des années 90 que l’ISR se formalise définitivement comme un fond tenant compte des pratiques environnementales, sociales et de gouvernance d’un organisme. Depuis les années 2000, l’ISR s’est montré de plus en plus performant. Il continue de prendre de l’essor en France et dans le monde.
Pour qui ?
L’ISR a pour avantage d’être un placement sûr car il cible des marchés côtés. Il est possible d’investir grâce à l’ISR au travers d’un compte titres ordinaires mais aussi d’un Plan d’Epargne en Actions, d’une épargne salariale, d’une Assurance Vie, etc.
A qui ?
Le fond d’investissement ISR est destiné à toutes entreprises, Etats ou collectivités publiques présentant une démarche RSE aux résultats effectifs. Et ce, quel que soit le secteur d’activité. Par exemple, une entreprise positionnée sur l’industrie pétrolière peut recevoir un fond labellisé ISR si elle prouve faire suffisamment d’efforts pour limiter son impact négatif. L’ambition et la mise en pratique concrète de sa démarche RSE (ou de sa politique de développement durable pour les organismes publics) conditionne l’investissement. Cette démarche doit donc être communiquée par des rapports, des Déclarations de Performance Extra-Financière et une notation extra-financière pour permettre son éligibilité. Cette analyse extra-financière vient compléter l’analyse financière classique pour déterminer l’attractivité de l’entité pouvant recevoir un investissement labellisé ISR.
Comment ?
Il existe plusieurs manières d’investir grâce à l’ISR. L’investisseur peut choisir de contribuer sur l’économie responsable à long terme en privilégiant les entreprises, Etats ou collectivités publiques ayant les meilleures pratiques ESG, on parle alors de Fonds ISR Best-in-Class.
Il peut aussi préférer s’assurer que l’investissement ne contribuera pas à certains secteurs controversés ou politiques ne respectant pas des normes et principes éthiques internationaux, on parle alors de Fonds ISR d’exclusion.
Enfin, l’investisseur peut choisir un secteur particulier du développement durable (l’énergie propre, la santé, etc.) et cibler les entités ayant les meilleures pratiques ESG au sein de ce secteur. Il s’agit alors de fonds ISR thématiques. Il peut également réserver 5% à 10 % de son portefeuille pour investir dans des entités favorisant l’économie sociale et solidaire, on parle en ce cas de fond ISR solidaire.
L’IMPACT INVESTING
En bref
L’impact Investing (“investissement à impact social” en français) est un investissement dans une entreprise, une organisation ou un fond qui a pour double objectif de générer un impact environnemental/social positif et un rendement financier. L’impact Investing inclut tout organisme contribuant à des sujets comme la transition énergétique, la santé et l’éducation. A l’inverse de l’ISR, l’Impact Investing exclut radicalement toute entreprise ou secteur ayant un possible impact négatif.
Histoire :
L’impact Investing naît en 2007 sous l’impulsion de la fondation Rockfeller. L’objectif est alors de construire une nouvelle économie soucieuse de générer un impact extra-financier positif en plus du retour financier attendu par les investisseurs et qui serait plus résistante aux grandes crises. Ce type d’investissement prend rapidement de l’essor : en 2014, il représente 10 milliards de dollars en actif pour atteindre près de 100 milliards en 2016. Aujourd’hui, l’Impact Investing représente 0,15% des investissements mondiaux.
Lors de la crise sanitaire dûe à la Covid-19, le monde de la finance a été ébranlé mais les fonds qui ont les mieux résisté sont les fonds de la finance durable comme l’Impact Investing. En effet, ceux-ci ont montré une surperformance de 1,4 points par rapport aux autres lors de la première phase baissière en mars 2020.
Pour qui ?
L’impact Investing est apprécié des fondations, des États, de certaines entreprises ou de particuliers ayant des fonds importants. Autrement dit, ce type d’investissement est prisé par des acteurs très différents mais qui ont en commun un objectif philanthrope.
A qui ?
Les entités pouvant bénéficier d’un fond d’investissement à impact social peuvent être des entreprises dont l’activité est directement liée au développement durable (ex : une entreprise fournissant de l’énergie propre). Mais il peut également s’agir d’intermédiaires financiers agissant auprès d’entreprises ou associations sociales. De manière générale et contrairement à l’ISR, l’impact Investing privilégie des marchés non-côtés.
Comment ?
L’objectif de l’Impact Investing est de combiner deux rendements : financier et extra-financier. Il nécessite donc une évaluation et une communication des impacts sociaux et environnementaux positifs générés. Des gestionnaires de fonds se chargent de rendre compte de ces impacts aux investisseurs à l’aide d’une grille basée sur les critères ESG.
L’impact Investing est une solution d’investissement au rendement moins immédiat, on parle parfois de “capital-patient”. De même, le rendement financier est souvent inférieur à celui que peut générer l’ISR. Cependant le rendement extra-financier prend une réelle importance ! L’impact Investing se positionne sur une nouvelle échelle de valeur où financier et extra-financier sont placés au même niveau. De ce point de vue, l’Impact Investing a prouvé sa performance. De plus, selon le Global Impact Investing Network (GIIN), les rendements financiers de l’impact investing restent très attractifs : en 2017, 90% des investissements ont dépassé les attentes de leurs investisseurs.
Conclusion
L’ISR et l’Impact Investing peuvent être complémentaires pour des investisseurs désireux d’obtenir un rendement financier à court et long terme tout en restant soucieux de leur impact. Ces deux fonds d’investissements permettent en effet d’investir dans des secteurs différents et des structures de types et de taille variés.
La finance durable est une opportunité pour les entreprises souhaitant attirer les investisseurs grâce à leur démarche RSE. C’est également une piste pour les entreprises à gros capital de valoriser leur engagement en investissant elles-mêmes dans des fonds responsables. La finance durable peut donc profiter aux entreprises qu’elles soient investisseurs ou bénéficiaires.